ANECDOTE
En -63, Cicéron est élu Consul – poste suprême de la République de Rome – sans être issu de la noblesse romaine. C’est une première depuis trente ans. Il le doit à son intelligence et son éloquence.
Le démagogue Catilina, qui a perdu face à Cicéron, ne le supporte pas et utilise les grands moyens dont il dispose pour organiser une conjuration visant à assassiner Cicéron et renverser la République pour s’emparer du pouvoir.
Cicéron le démasque, déjoue la conjuration, et le confond publiquement dans un discours devenu légendaire (Catilinaire) dont s’en suivra une condamnation à mort des cinq conjurés principaux.
Jules César est impliqué également. Il est alors un jeune ambitieux en devenir, mais pas encore le dictateur qu’on connaitra plus tard. Cicéron décide de l’épargner, contre l’avis de Caton.
Cette conjuration déjouée, et les décisions qu’il a prises alors, couteront d’abord l’exil à Cicéron, puis la mort.
DES TALENTS, DES FAIBLESSES
Rome avait plusieurs incroyables talents au dernier siècle avant Jesus Christ.
L’Histoire retient que c’est Jules César qui a gagné, mais Cicéron, Pompée, Caton et son gendre Brutus n’ont pas démérité.
Certains disent même que Cicéron a été le plus grand orateur de tous les temps. Indémontrable bien sur, mais révélateur de son talent et de l’impact qu’a pu avoir le « défenseur de la République » dans un moment clé de notre histoire: celui de la fin de la République de Rome en proie aux attaques incessantes des aigles vaniteux qui voulaient la renverser pour assoir leur pouvoir autocratique.
Cicéron avait même plusieurs talents : éloquence et intelligence bien sur, mais aussi capacité de travail considérable, grande culture philosophique, humour, autant de mérites qui lui ont permis au cours de sa vie de gravir les échelons de la société romaine sans provenir de la noblesse, être élu au poste suprême de la République, déjouer des tentatives d’assassinat, défendre la République, influencer les plus grands de son temps (César, Pompée, Caton, Brutus, Octave …), structurer les techniques de l’art oratoire de la rhétorique d’une telle manière que ses écrits sont encore aujourd’hui une référence en la matière 2000 ans plus tard, traduire les philosophes grecs pour les diffuser au monde entier, et écrire lui-même des traités de philosophie en s’inspirant de Platon et du stoïcisme.
Mais bien entendu, Cicéron avait aussi des faiblesses : orgueil, ambition démesurée, condescendance, lâcheté … des traits qui lui ont valu plusieurs ennemis et autant de problèmes quand ses talents l’ont placé au cœur de l’arène pendant le tumulte de la fin de la République. L’Histoire ne l’a d’ailleurs pas raté sur ce point.
Des talents, des faiblesses ; un moment clé de l’Histoire ; des valeurs, des faiblesses, des actions, des combats ; certains gagnés avec panache, certains perdus piteusement ; bref, un personnage intéressant car important, intense et humain.
Un homme de Plutarque.
DES MOTS
Un jour, un jeune homme qu’on accusait d’avoir empoisonné son père, prit des airs insolents et menaça Cicéron de l’accabler publiquement d’injures : « De ta part, lui dit Cicéron, j’aime mieux ça qu’un gâteau[1]».
S’intéresser à Cicéron c’est aussi (re)découvrir le pouvoir de la rhétorique.
Dans une époque où on a de plus en plus de mal à parler, débattre, argumenter, échanger, écrire, convaincre, écouter, structurer, ou simplement communiquer alors qu’on n’a jamais disposé d’autant d’outils de communication, ça peut être utile.
Combien de temps encore abuserons nous de notre ignorance ? Combien de temps encore allons-nous devoir supporter cette folie ? N’y a-t-il donc pas de limite à notre arrogance ? Oh, quelle époque vivons-nous ! Et oh, quelle moralité ! Le sénat sait tout, le consul sait tout, et pourtant…..
Oups, pardon, Cicéron déteint un peu trop*. En tout cas si nos paroles n’ont pas toujours été à la hauteur de nos pensées, c’est certainement une bonne idée d’élever le niveau.
[1] Plutarque, Vie de Cicéron
*cf première catilinaire
COMPRENDRE L'HISTOIRE POUR COMPRENDRE NOTRE ÉPOQUE
« Ceux qui n’apprennent pas les leçons de l’Histoire sont condamnés à la revivre » – Winston Churchill
Le contexte historique dans lequel évoluait Cicéron était particulier: les inégalités croissantes polarisaient la vie politique, les ambitions de certaines élites n’avaient d’égales que leur réticence à réformer le système à temps pour le sauver, et la démagogie influençait facilement un peuple peu formé à la contrer. La République qui était considérée comme l’une des plus remarquables devenait l’une des plus attaquables.
Toute ressemblance avec des tendances existantes serait…. intéressante à comprendre.
On fait forcément des parallèles avec notre époque. On réfléchit aux leçons à en tirer, aux actions qu’on peut mettre en place à notre petit niveau, et on se dit qu’à défaut de pouvoir élire des élites responsables on peut peut-etre apprendre à mieux faire valoir nos idées et réagir avec plus de discernement quand les démagogues cherchent à susciter notre indignation pour des clics, des votes ou des ragots.
Bref, qu’on respecte Cicéron ou qu’on le méprise, il faut le connaitre: il donne à réfléchir.
Et si on développait des talents utiles ?
Seb.
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